samedi 24 février 2018

Review - Hillbilly Tome 1 (Delcourt)

Où sont passées les histoires qu'on se raconte au coin du feu ? Où ont disparu les contes initiatiques ? Comment savoir ce qui se cache dans les ténèbres sans entendre les récits de celles et ceux qui les ont affrontées avant nous ? C'est à ce manque dans notre éducation que répond Eric Powell avec sa nouvelle série Hillbilly.


En effet, les aventures de Rondel le vagabond qui composent ce premier volume se présentent sous la forme d'histoires que les gens se racontent. La première d'entre elles nous dévoilent d'ailleurs ses origines. Comment né sans yeux d'une mère accusée d'adultère, une sorcière lui a offert la vue et le couperet du Diable en échange d'un prix qu'il n'était pas près à payer.


Les autres récits qui accompagnent cette origin story propulse ce nouveau héros face à des sorcières, des trolls, des changelins et un violon hanté dans un contrée à mi-chemin entre une Amérique du début du 19ème siècle et le vieux continent. Là où les villes et villages à la frontière de la civilisation vivent encore dans la peur et la superstition, Rondel et ses compagnons de lutte font face à toutes ces menaces.

Si l'univers de Hillbilly est si dur à situer en termes d'espace et de temps, c'est parce que les histoires qui ont influencé Eric Powell sont à la fois des contes de fées - The Fiddle That Screamed For Blood a les même prémices que Le Joueur de Flûte de Hamelin -, les écrits d'auteurs comme Robert E. Howard - tant Solomon Kane que Conan (je veux une histoire de l'Enfant de Fer !!!) - et la tradition des contes oraux des communautés religieuses pour lesquelles la différence est la marque du malin.


Déconstruit dans sa narration, les compagnons de Rondel apparaissent et disparaissent au fil des légendes. Une façon astucieuse de créer le suspens et le mystère. Comment a-t-il rencontré Lucille, l'ourse gigantesque et affamée qui l'accompagne ? Comment a évolué sa relation avec Esther, son amie d'enfance garçon manqué ?


Le trait si caractéristique d'Eric Powell s'exprime ici dans des teintes pastel et vert-de-grisâtres qui confinent au brumeux. Comme dans ces histoires qui se colportent par le bouche à oreille et se modifient avec le temps, le décor reste vague. Les couleurs très pâles et fantomatiques utilisées sur les planches donnent à Hillbilly un ton beaucoup plus mélancolique que celui de The Goon ou Chimichanga.


Petite pépite d'or expulsée d'une mine du Yukon des Enfers, Hillbilly nous promet déjà un deuxième tome dont la couverture (visible à la fin de cette album) est tout simplement à tomber. De mon côté, je ne peux que vous conseiller cette aventure mystique et terrifiante au côté d'un auteur pour qui mon respect ne fait que grandir.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire