mardi 10 octobre 2017

VO-Day : Batman - White Knight #1 (DC Comics)

Toutes les histoires sur Batman ont-elles déjà été racontées ? C'est une question légitime quand on prend en compte la longévité du personnage et le nombre impressionnant de scénaristes à avoir oeuvré à son destin. De la mini-série elseworld au run épique de plusieurs années, il faut bien avouer que l'univers de l'Homme Chauve-Souris a été décortiqué sous toutes les coutures. Si, en plus de ça, on ajoute sa nemesis Le Joker dans l'équation... la question se repose avec encore plus de vigueur : comment nous proposer de l'inédit ?



Batman - White Knight s'ouvre à l'asile d'Arkham... comme des centaines d'épisodes avant lui. Un homme nommé Napier est venu voir l'un des résidents et trouve un Batman enchaîné à qui il vient demander son aide. Le simple nom de Napier aura fait réagir les plus cinéphiles (encore que... faut-il être cinéphile pour danser avec le diable au clair de Lune ?) d'entre vous. Nous sommes bel et bien en présence du Joker. Un Joker débarrassé de son maquillage, qui conduit la Batmobile et accueilli avec respect par les gardiens.


Flashback ! Un an plus tôt, Batman et le prince clown du crime se livrent à un de leurs grands classiques : une course-poursuite effrénée dans les rues de Gotham. Cette dernière s'achève dans une usine de traitement de médicaments retirés de la vente dans laquelle un Chevalier Noir encore plus sombre et renfermé que d'ordinaire passe son ennemi à tabac avant de lui fourrer un poignée de pilules dans la gorge sous l'oeil inactif de Nightwing, Batgirl, Gordon, une foule de représentants des forces de l'ordre et l'objectif d'une caméra.



Vilipendé pour sa violence excessive, Batman se verra devenir la cible de la vindicte populaire qui prendra la défense du psychopathe souriant. Le commissaire Gordon est aussi dans la ligne de mire de l'administration et des médias qui critique son manque d'action face à une agression caractérisée. Alors que la situation semble déjà bien sombre, une nouvelle surgit : les pilules ingérées par le Joker semble avoir guéri le Joker de sa folie !



Faisant montre d'un intellect hors-normes, il étudie alors jour et nuit dans un seul but : faire tomber ceux qui l'ont relégué au rang de simple fou à enfermer. Conscient de la dette qu'il a envers Gotham pour ses crimes, il décide d'en devenir le Chevalier Blanc et de faire payer Batman et le GCPD pour leurs crimes. Nouvelle manipulation d'un esprit malade qui feint la santé ou véritable rédemption ? Seule la suite, nous le dira.


Fascinante réinterprétation de la lutte intemporelle entre Batman et le Joker, White Knight arrive à faire du neuf avec des concepts vieux de plusieurs années. Plusieurs fois, les rôles ont été inversés entre les deux adversaires à la faveur de réalités parallèles et autres événements cosmiques. Cependant - et bien que la série reste un elseworld et rien que le fait d'avoir donné une identité civile au Joker met la série hors de la continuité canonique - cela n'avait encore jamais été fait de la sorte. Les rôles ne sont PAS inversés ! Batman fait ce qu'il a toujours fait... peut-être de façon plus expéditive que par le passé, mais cela est justifié par l'histoire. Seule change la façon dont les actions du Caped Crusader sont perçues par le public et par le Joker.



Les dialogues font d'ailleurs la part belle à cette "non-originalité" de l'idée initiale. Les élucubrations du Joker sur la relation quasi-sexuelle qu'il entretient avec Batman sont le reflet d'une pléthore de théories sur les liens entre eux. La page où le Joker se réveille après le passage à tabac dans une chambre où chaque centimètre carré est occupé par l'image de la chauve-souris ne vient que renforcer une obsession dont on sait qu'elle existe (en plus d'offrir un lot conséquent de références). Tous ces poncifs sont repris, avalés et digérés par le scénario de Sean Murphy qui nous les réarrangent ensuite à sa façon pour livrer quelque chose qui, je l'espère, saura rester aussi intelligent et novateur dans la suite de la série.



Ses planches  nous livrent un Gotham où même l'ombre semble sale. Comme s'il y avait quelque chose de malsain dans les ténèbres autrefois réconfortantes car elles abritaient le héros de la ville. Batman devient une figure toujours aussi charismatique, mais quelque chose dans sa posture, dans les ombres de son visage évoque en nous le démon qu'il n'était censé représenter que pour les criminels.



Véritablement intéressant à lire pour tous les fans du Chevalier Noir trop engoncés dans la routine de ses affrontements manichéens, Batman - White Knight est un comics qui appelle à la théorie. Dès ma deuxième lecture, j'ai relevé des lignes de dialogue, des choses qui permettent de supposer où Sean Murphy veut nous emmener dans cette variation originale et inspirée. A suivre pour confirmer les doutes, certes... mais dans l'espoir d'une belle surprise.
 

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