samedi 16 septembre 2017

Review : Never Go Home - La Cavale de Duncan et Maddie (Glénat Comics)

On commence à le savoir : les bons titres indés sont chez Glénat ! Mais à quoi reconnait-on un titre indé ? Petit guide à l'usage des néophytes :
- Une couverture arty
- Un résumé qui n'implique pas des super-héros en collants
- Les planches ne ressemblent à rien que vous ayez déjà vu


Never Go Home (ou We Can Never Go Home en VO) réunit pratiquement tous ses éléments. L'histoire est celle de Madison, une fille populaire et intelligente qui se lie d'amitié avec Duncan, le loser du lycée après que ce dernier l'ait vu faire usage de la super force dont elle est dotée d'une manière inexplicable. Heureuse de trouver quelqu'un qui l'accepte telle qu'elle est et devant qui elle n'a pas à se cacher, l'adolescente commettra l'irréparable lorsqu'elle verra son nouvel ami se faire battre par son père.


Les deux jeunes gens fuiront alors leur petite ville pour un périple sur les routes secondaires américaines. Dealers de drogue, policiers, agents fédéraux et autres jeunes dotés de pouvoirs croiseront leur route. Car oui, Madison n'est pas la seule super/mutante/spéciale de ce monde. D'ailleurs, Duncan lui-même dira posséder un pouvoir dont il ne fera jamais la démonstration : celui de tuer quelqu'un par la pensée comme il a tué sa propre mère.



Quand Tueurs Nés (ou True Romance et Badlands) et Misfits ont fait l'amour... c'est là qu'est né Never Go Home. Romance boiteuse entre deux ados qui se prennent les doigts dans un engrenage de violence et y perdent bien plus que quelques phalanges. Hymne post-punk à cette même violence décomplexée qui n'apparait plus aussi problématique aux deux héros une fois que la machine est lancée. L'histoire de Matthew Rosenberg et Patrick Kindlon est un peu tout ça... et plus encore.



Never Go Home est un état de fait. Le photogramme d'un sentiment de ne pas appartenir au monde qui nous entoure, la douce douleur d'être quelqu'un de différent. Si nombre de comic-books ont traité cette thématique par le passé (ne serait-ce que X-Men ou, plus récemment, They're Not Like Us) mais Rosenberg et Kindlon y amènent quelque chose de différent. Leurs héros ne cherchent pas à se faire accepter ou à profiter de leurs dons... ils veulent juste fuir à la recherche d'un havre qu'ils savent bien qu'ils ne trouveront jamais.



C'est peut-être dans cette constante fuite en avant qu'il faut appréhender le volume. Les dessins de Josh Hood sont la plupart du temps "fuyants" avec un trait et une mise en scène très simple et rapide. Le découpage de certaines scènes de dialogues montrent aussi à plusieurs reprises le sentiment d'urgence qui animent Duncan et Maddie dont en faisant de la page une grille qui - pour moi - représente la prison dans laquelle leur évasion les enferme.


Incidemment, les défauts du scénario semblent moindres (mais ils existent quand même) pris sous cette perspective de la fuite en avant. Le personnage de Duncan semble indécis et les scènes où quelqu'un le tabasse se répètent régulièrement... mais n'est ce pas là un moyen de nous montrer que peu importe ses décisions, il en revient toujours au même point. Peu importe la fugue, la seule personne qu'il ne peut pas fuir, c'est lui-même.


La conclusion de l'album laissera aussi pas mal de gens sur leur faim. Peu de choses sont expliquées et on peut même se demander l'intérêt de la scène finale... mais les héros ont fui pour ne pas avoir à répondre aux questions et aux doutes qui les rongeaient, alors pourquoi devrions-nous - lecteurs - avoir une réponse qu'eux-mêmes ne désirent pas connaître ?


Dernier point pour reconnaître un titre indé :
- Il vous fait vous poser pas mal de questions...



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