lundi 25 septembre 2017

Review : Animosity - Le Réveil (Snorgleux Comics)

Qu'on se le dise : j'adore avoir raison ! Fanfaronner à coups de "Je vous l'avais bien dit" provoque chez moi une extase que seule la conclusion d'une soirée aux chandelles avec un verre de vin et un fond d'Otis Redding parvient à égaler. Il n'est donc pas étonnant que je profite de la sortie de ce premier tome d'Animosity pour vous remémorer mes paroles lors du derniers Free Comic Book Day : "Animosity est mon coup de coeur."



Néanmoins pour celles et ceux qui auraient ignoré mes doux conseils, voilà une piqûre de rappel à l'occasion de la sortie du premier volume de la série de Marguerite Bennett chez Snorgleux Comics.


L'histoire pourrait ressembler à un conte de fées. Un beau jour, sans que l'on sache pourquoi, tous les animaux se retrouvent dotés d'une conscience et surtout de la parole. Une parole qui leur servira dans un premier temps à réclamer vengeance pour tout ce qu'ils ont subi aux mains des hommes. C'est dans ce nouveau monde soumis à de nouvelles règles que nous allons suivre les aventures de Jess et de son fidèle chien Sandor (oui, c'est une référence à Game of Thrones) lancés dans un road trip à travers les États-Unis pour retrouver le grand frère de la jeune orpheline.

"Nouvelles règles" qu'on a dit
Une intrigue de base assez simple mais qui entretient néanmoins une aura de mystère. Narrée de façon non-chronologique, l'histoire se permet des ellipses pour garder ses secrets. Débutant juste après le "Réveil" du règne animal, on saute plusieurs semaines en avant alors que Jess et ses parents organisent leur nouvelle vie, puis quelques mois plus tard alors que les parents de la fillette sont morts dans des circonstances inconnues.


Il est difficile de qualifier Animosity... On pourrait parler d'univers post-apocalyptique, sauf qu'il n'en est rien. Dystopie ? Je ne pense pas non plus... Animosity nous décrit une redéfinition de la société telle que nous la connaissons. Les animaux réclament une place qui n'était jusque là occupée que par l'être humain : celle d'espèce dominante et consciente. En effet, sans faire aucun prosélytisme vegan, le monde du comics pose cette simple question : peut-on manger un être doué de conscience ? 


Cette quête de nourriture est l'un des aspects majeurs du volume. Les cinq épisodes du recueil nous montrent des humains s'accrochant à leur ancienne supériorité aussi bien que d'autres qui prennent le parti des animaux. D'ailleurs, les bêtes en tous genres apprennent également à coexister entre elles aussi bien qu'avec les hommes. Une vision d'une société nouvelle qui n'est pas sans rappeler l'univers de Y, le Dernier Homme si on l'avait mixé avec les touchants Pride of Baghdad et Nou3.
 
"Rendez-vous, vous êtes cerf-nés" (oui, c'est un élan... ne venez pas me chercher des... NOISES)
Cependant, au-delà de toute considération sociétale, Animosity est un hommage à l'Amour que nous portent nos animaux domestiques. La relation entre Jess et Sandor est véritablement émouvante. Ensembles depuis leur plus tendre enfance, la fillette et son limier se vouent un Amour comme on en voit peu. Les toutes premières paroles de Sandor lui serviront à confesser l'Amour qu'il porte à sa maitresse. Par la suite, il essaiera de remplacer ses parents avec tous les doutes et les difficultés que cela implique.


D'ailleurs, dès le premier chapitre, le brave toutou n'hésitera pas à affronter un tigre pour défendre sa maîtresse. Un tigre ! Vous vous rendez compte ? Si Sandor avait été un chat, lui et son compère félin se seraient entendus pour partager les restes de la gamine... Je vous ai dit que je n'aimais pas les chats ?


Les planches de Rafael de Latorre ? Elles sont juste magnifiques. La difficulté dans l'exercice aurait pu être de faire passer des émotions sur les visages des chiens, chats, bisons, baleines à bosses et crevettes qui peuplent le récit. Le dessinateur s'en tire avec brio et avec une exactitude dans ses protagonistes bestiaux qui mérite le plus profond respect.
 
Elles gambas-dent sous l'océan...
On dit souvent que les gens qui n'aiment pas les animaux n'aiment pas les gens. Je pense que c'est en partie vrai... De même, je pense que les gens qui aiment les animaux autant qu'ils nous aiment (sauf les chats) ne peuvent qu'aimer Animosity. Un grand merci accompagné d'un coup de chapeau à Snorgleux Comics pour cette sortie et vivement le tome 2 !

dimanche 24 septembre 2017

Don't Fear The Reader #6

Un nouveau Don't Fear The Reader... inversé pour cause de "je ne comprends rien à YouTube" et de flemme de réuploader.
Trois chroniques en flash donc avec :

- Deadpool - Agent X chez Panini Comics
- Batman : New Gotham - Evolution chez Urban Comics
- American Monster Tome 1 chez Snorgleux Comics

D'ailleurs un grand merci à ces derniers de m'avoir envoyé de quoi faire les reviews de leurs albums. Cela en valait vraiment la peine.

samedi 16 septembre 2017

Review : Never Go Home - La Cavale de Duncan et Maddie (Glénat Comics)

On commence à le savoir : les bons titres indés sont chez Glénat ! Mais à quoi reconnait-on un titre indé ? Petit guide à l'usage des néophytes :
- Une couverture arty
- Un résumé qui n'implique pas des super-héros en collants
- Les planches ne ressemblent à rien que vous ayez déjà vu


Never Go Home (ou We Can Never Go Home en VO) réunit pratiquement tous ses éléments. L'histoire est celle de Madison, une fille populaire et intelligente qui se lie d'amitié avec Duncan, le loser du lycée après que ce dernier l'ait vu faire usage de la super force dont elle est dotée d'une manière inexplicable. Heureuse de trouver quelqu'un qui l'accepte telle qu'elle est et devant qui elle n'a pas à se cacher, l'adolescente commettra l'irréparable lorsqu'elle verra son nouvel ami se faire battre par son père.


Les deux jeunes gens fuiront alors leur petite ville pour un périple sur les routes secondaires américaines. Dealers de drogue, policiers, agents fédéraux et autres jeunes dotés de pouvoirs croiseront leur route. Car oui, Madison n'est pas la seule super/mutante/spéciale de ce monde. D'ailleurs, Duncan lui-même dira posséder un pouvoir dont il ne fera jamais la démonstration : celui de tuer quelqu'un par la pensée comme il a tué sa propre mère.



Quand Tueurs Nés (ou True Romance et Badlands) et Misfits ont fait l'amour... c'est là qu'est né Never Go Home. Romance boiteuse entre deux ados qui se prennent les doigts dans un engrenage de violence et y perdent bien plus que quelques phalanges. Hymne post-punk à cette même violence décomplexée qui n'apparait plus aussi problématique aux deux héros une fois que la machine est lancée. L'histoire de Matthew Rosenberg et Patrick Kindlon est un peu tout ça... et plus encore.



Never Go Home est un état de fait. Le photogramme d'un sentiment de ne pas appartenir au monde qui nous entoure, la douce douleur d'être quelqu'un de différent. Si nombre de comic-books ont traité cette thématique par le passé (ne serait-ce que X-Men ou, plus récemment, They're Not Like Us) mais Rosenberg et Kindlon y amènent quelque chose de différent. Leurs héros ne cherchent pas à se faire accepter ou à profiter de leurs dons... ils veulent juste fuir à la recherche d'un havre qu'ils savent bien qu'ils ne trouveront jamais.



C'est peut-être dans cette constante fuite en avant qu'il faut appréhender le volume. Les dessins de Josh Hood sont la plupart du temps "fuyants" avec un trait et une mise en scène très simple et rapide. Le découpage de certaines scènes de dialogues montrent aussi à plusieurs reprises le sentiment d'urgence qui animent Duncan et Maddie dont en faisant de la page une grille qui - pour moi - représente la prison dans laquelle leur évasion les enferme.


Incidemment, les défauts du scénario semblent moindres (mais ils existent quand même) pris sous cette perspective de la fuite en avant. Le personnage de Duncan semble indécis et les scènes où quelqu'un le tabasse se répètent régulièrement... mais n'est ce pas là un moyen de nous montrer que peu importe ses décisions, il en revient toujours au même point. Peu importe la fugue, la seule personne qu'il ne peut pas fuir, c'est lui-même.


La conclusion de l'album laissera aussi pas mal de gens sur leur faim. Peu de choses sont expliquées et on peut même se demander l'intérêt de la scène finale... mais les héros ont fui pour ne pas avoir à répondre aux questions et aux doutes qui les rongeaient, alors pourquoi devrions-nous - lecteurs - avoir une réponse qu'eux-mêmes ne désirent pas connaître ?


Dernier point pour reconnaître un titre indé :
- Il vous fait vous poser pas mal de questions...



mardi 12 septembre 2017

Review : Faith - Double et Faux Semblants (Bliss Comics)

Il existe une règle divine connue d'un petit nombre d'initiés dans cet univers : Si George Michael l'a dit dans une chanson, c'est cool. Quiconque se souvient des petites fesses de l'icône de la Pop moulées dans un jean plus serré que mon café du matin, ne pourra que hocher la tête avec entrain en acquiesçant quand je vous dis "You gotta have Faith" (Vous devez avoir Faith pour les non-anglophones).


Après un premier tome enthousiasmant qui regroupait la première mini-série consacrée au personnage, la revoilà dans les quatre premiers épisodes de sa série régulière.


Lancée dans une carrière solo de super-héroïne à L.A, Faith Herbert doit jongler entre sa lutte contre le crime sous le pseudonyme de Zéphyr et son métier de bloggueuse / journaliste sous l'alias de Summer Smith.


Sans rentrer dans les détails, la gironde psiotique va - dans ce nouveau volume - se découvrir une surprenante némésis avant de se lancer dans un team-up avec Archer pour stopper un voleur aux pouvoirs surnaturels dans une convention SF. Des aventures genre ordinaires pour un comics de super-héros, mais le grand avantage de Faith tient énormément plus à la personnalité de sa protagoniste qu'à l'originalité de ses histoires. En effet, à une époque bourrée d'anti-héros complexés et torturés, la fraîcheur et la candeur de Faith ont un véritable effet revigorant.



Car les scenarii de Jodie Houser s'emploient davantage à rendre Faith attachante qu'à nous raconter ses exploits. Elle est une geek et sa vocation de justicière lui vient en droite ligne des comics qu'elle lisait étant enfant. C'est pour cette raison que - lorsqu'elle rencontre son double - elle sait tout de suite qu'il s'agit soit d'un doppelgänger maléfique, soit d'un clone. Elle cite également Star Wars et passe des soirées à jouer aux jeux de rôles sur table...


Pourtant, Houser parvient à éviter le traitre piège du fan-service ! Les références servent véritablement à construire une complicité non pas entre la scénariste et son public, mais bel et bien entre la protagoniste principale et le lecteur.

Au-delà de son côté geekette, Faith est également une fille fleur bleue aussi romantique qu'elle est entreprenante. Elle se pâme pour les acteurs de cinéma tout en cherchant à approfondir sa relation avec Archer. Une fille de son époque qui s'invente une vie dans ses rêves tout en assumant la réalité. On est ici bien loin des clichés féminins du genre que sont "la déesse guerrière inaccessible" et "la demoiselle en détresse". En ce qui concerne le physique - pour celles et ceux qui se poseraient la question - ni les dialogues ni l'histoire n'y font la moindre référence... et c'est du génie ! Après tout, pourquoi devrait-on y accorder une quelconque importance ?


Porté par les planches de Pere Pérez et Marguerite Sauvage l'ensemble de l'album est graphiquement fluide. S'y alternent séquences réelles et oniriques dans lesquelles le trait girly et juvénile de Sauvage et les tons rose bonbons nous permettent encore une fois d'échapper à la morosité de beaucoup d'autres de nos lectures. Nul besoin d'en douter, on est dans la tête et dans l'univers de l'héroïne plutôt que dans celles des auteurs.



Véritable hommage au genre en ce qu'il a de plus classique et old school, tout en lui apportant une touche de modernité de bon aloi, Faith mérite de se hisser sur le même rang - voir même au-dessus - de la plupart des séries actuelles. Simple (pas besoin d'avoir des connaissances trop poussées de l'univers Valiant pour apprécier l'histoire) et divertissant, Bliss Comics nous propose LA série à suivre tant pour les aficionados que pour les novices désireux de trouver quelque chose d'original.