jeudi 17 août 2017

Review : Jenny Finn (Emmanuel Proust Editions)

On commence à se connaitre vous et moi... et vous savez que le nom de Mike Mignola arrive toujours à faire vibrer chez moi une corde sensible que même les récits les plus décevants du Hellboy-verse n'ont jamais réussi à briser. C'est ainsi que le nom de l'auteur sur la couverture d'un album inconnu édité par une maison mystérieuse trouvée sur un stand d'un salon perdu a été vécu comme la découverte de quelque ancien grimoire renfermant moult secrets mystiques. Si en plus le grimoire en question me promet une histoire aux accents Lovecraftiens et Verniens dans un Londres Victorien, l'amateur de littérature du siècle dernier (et de celui d'avant) ne pouvait que se portait acquéreur de ces pages pleines de savoirs interdits.



Publiée à l'origine chez Boom! Studios, la série appelée Jenny Finn : Doom Messiah nous narre les aventures de Joe, un provincial au grand coeur et aux épaules carrées venu chercher du travail dans la ville de Londres. Employé dans les abattoirs, il passe son temps libre à arpenter les bas-fonds de la capitale lorsque son chemin croise celui de Jenny Finn, une enfant à l'aspect innocent.


Ne voulant pas que le moindre mal arrive à la jeune fille dans ces quartiers où sévissent le crime, la prostitution et un tueur de femmes, Joe jouera au chevalier servant auprès de cette dernière. Il est cependant loin de se douter que sa protégée n'est pas aussi sans défense qu'elle en a l'air et qu'elle est même à l'origine d'un mystérieux mal qui s'étend à travers toute la capitale. Une maladie horrible qui défigure et déforme ceux qui la contractent et contre laquelle lutte le Premier Ministre en personne.

Le premier ministre... Vador ?

Sorte de contre macabre au milieu duquel surgissent les tentacules d'une apocalypse aussi lovecraftienne qu'insidieuse, Jenny Finn cristallise les influences de Mignola. La vision des Grands Anciens de l'écrivain de Providence imprègne  évidemment chaque page. Toutefois, on perçoit aussi quelques inspirations steampunk (dans l'aspect du Premier Ministre et de ses sbires), des aspect hérités d'Edgar Allan Poe (pour les spectres hantant les vivants) ainsi qu'un souffle social rappelant un Charles Dickens cthulhoïde. Ici les laissés pour compte sont sous l'emprise d'entités millénaires et protéiformes.


Intégralement en noir et blanc, trois des quatre chapitres du récit sont confiés aux soins de Troy Nixey alors que les planches de la conclusion reviennent à Farel Dalrymple. On peut - comme moi - déplorer ce changement de dessinateur tant le travail de Nixey s'attache à montrer les horribles mutilations subies par les victimes d'une maladie mystico-vénérienne. Les visages parsemés de furoncles deviennent l'habitat de tentacules, mais aussi de nageoires, ventouses et autres queues de poissons. Une espèce de vérole infâme et démoniaque qui déforment encore plus les gueules ridées et cassées qui peuplent le récit. Une déliquescence des corps et des âmes que l'épisode de Dalrymple, confus et simpliste en comparaison, ne parvient pas à recapturer une seule seconde.



En conclusion, Jenny Finn ravira à coup sûr les fans du père du démon aux cornes brisées. Production indée et indubitablement ancrée dans les sombres rêves de son auteur, elle parvient à injecter dans un récit bref et concis tout son univers.


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